Ecoute les "Tic tac" de la montre du lapin blanc pour trouver la sortie du labyrinthe avant que la reine nous coupe la tête...
Je m'appelle Alice et c'est peut être un signe parce que je me suis perdue. Je ne me souviens plus depuis combien de temps. J'ai l'impression de m'être réveillée quelque part où je n'aurais pas dû être. Je suis quelqu'un d'ordinaire. D'atrocement ordinaire. Mais qui n'est pas normale parce qu'elle ne l'accepte pas. Pathétique à force d'essayer de se trouver un talent, peu importe lequel, du moment de ne pas rester noyée dans la masse. J'ai la haine en guise de motivation, c'est la seule chose qui me reste: vomir ce monde dégueulasse où la seule vertu est l'égoïsme. Chaque année, chaque mois, chaque jour, chaque heure, chaque minute, et chaque seconde qu'on nous donne nous consume, nous tue, sans aucun but. J'ai essayé de donner un sens à ma vie, à nos vies, sans succès. On naît pour mourir: c'est d'une vérité absolue. Naissance, mort: ce sont les deux antonymes auxquels se résument nos vies. Et la vie dans sa grande cruauté a pris grand soin de nous cacher à qui ou à quoi nous devions cette cruelle farce. Alors j'essaye de partir, de quitter cet endroit qui n'est pas fait pour moi mais je finis toujours par revenir, forcée d'assister au spectacle gerbant de l'humanité pitoyable, à laquelle je refuse de donner l'honneur du H majuscule, qui se débat comme elle peut pour exister misérablement. Alors je me retourne contre moi-même, essayant de trouver des réponses, des raisons ou même des excuses d'être encore là sans jamais en trouver de satisfaisantes. Alors je me coupe pour me punir de détester un monde aux valeurs écoeurantes auquel j'adhère en respirant cet air, son air putride et crade qui s'alourdit chaque jour un peu plus pour nous empêcher de nous élever. Alors je me tape la tête contre les murs pour faire taire cette douleur incessante qui me rappelle que je ne suis rien quelque part où rien n'est sensé. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que je ne m'en sortirais pas. Peut être que finalement cette chose qu'on appelle « dépression » et qu'on essaye de tuer à grands coups de médocs n'est qu'un simple rappel à l'ordre pour les gens qui ne croient pas en la fatalité, que ce mal être omniprésent n'est qu'une leitmotiv à nos angoisses de nous nouer plus fort les tripes jusqu'à ce qu'on en crève.